Couverture des silos d’ensilage : halte aux pneus
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Bonnes pratiques. La profession s’engage à proscrire les pneus usagés pour couvrir les tas d’ensilage. Sacs boudins, sangles, tapis lestés se révèlent tout aussi efficaces pour maintenir l’étanchéité avec, selon les solutions, un rôle de protection de la bâche contre les agressions mécaniques et/ou les UV.
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en profitant de 2 mois de découverte à L’éleveur laitier
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Depuis l’an dernier, nous avons fait le choix de ne plus utiliser de pneus pour couvrir nos silos d’ensilage, explique Florian Rineau, actuellement salarié du Gaec L’Audjonnière, à Bournezeau (Vendée), et bientôt membre à part entière avec son père et son oncle. La manipulation de pneus est souvent pénible et parfois dangereuse : eau croupie, nids de guêpes ou cachette pour couleuvres… les surprises ne sont pas toujours bonnes ! Autre inconvénient : l’usure de la gomme dans le temps avec la possibilité de retrouver des morceaux de carcasses métalliques dans la ration ou dans les champs. C’est un risque réel pour les animaux. » Pour couvrir les 1500 m² des quatre silos, les associés du Gaec ont donc opté pour des sacs en forme de boudins, remplis de graviers.
Première étape : la pose sur le tas d’une première bâche noire neuve qu’ils recouvrent avec celle de l’an passée. Vient ensuite un filet anti-perforation. Le tout est lesté par les sacs : une rangée en continu sur toute la périphérie, puis, tous les 5 mètres, des lignes parallèles d’un mur à l’autre.
Le Gaec employait déjà des sacs en complément des pneus mais uniquement pour les bordures de silos. Leur utilisation ne fut donc pas une découverte. En 2020, les associés en ont acheté 500 au total ainsi qu’une dizaine de tonnes de gravier, soit un investissement global de 1 000 €.
Filet anti-perforation indispensable
« Ce montant ne comprend pas l’achat des filets anti-perforation que nous employions déjà sur l’exploitation depuis quelques années, précise Florian Rineau. Selon moi, ce filet est indispensable car il protège la bâche contre les oiseaux ou le piétinement des animaux. Cela nous permet aussi de marcher plus facilement sur le silo sans craindre de faire des trous. » Le prix du filet dépend de la qualité : poids au mètre carré, souplesse, filtration anti-UV, résistance dans le temps, adhérence anti-glissade… Les caractéristiques diffèrent selon les fabricants mais il n’existe pas d’étude récente comparant les produits du marché.
Pour remplir leurs sacs, les éleveurs ont fabriqué un entonnoir en tôle pliée, fixé à l’arrière de la benne : une personne tient le sac par les poignées et l’autre gère l’ouverture de la trappe. Attention à ne pas trop les remplir, car ils perdent alors de leur souplesse et épousent moins bien la forme du tas. La tension sur les fibres accélère aussi leur dégradation. L’utilisation de gravier est préférable à du sable car les cailloux ne retiennent pas l’eau : en hiver, les sacs sont donc moins lourds et ne prennent pas en masse en cas de gelée comme ce peut être le cas avec du sable.
Garantie cinq ans
Le textile de la poche est souvent garanti cinq ans mais la durée de vie réelle des sacs peut dépasser les dix ans, à condition toutefois d’en prendre soin. Quelques conseils : ne pas les jeter du haut du silo, ne pas les laisser en vrac dans l’herbe pendant l’inter-saison… Mieux vaut en revanche les ranger sur des palettes et les stocker ensuite à l’abri de la pluie et des UV pour les conserver plus longtemps.
« Avec le télescopique, nous approchons la palette au-dessus du tas, ajoute Florian Rineau. Chaque boudin contient environ 20 kg de cailloux. Le poids est raisonnable mais la mise en place demande quand même un certain effort physique. Il faut les positionner bout à bout afin de former des cordons étanches. » Pour limiter encore la pénibilité due aux manipulations, certains éleveurs n’emploient les boudins que sur la périphérie du silo et tendent des sangles à cliquet d’un mur à l’autre, tous les 3 à 5 mètres. Cela suppose d’avoir fixé des points d’accroches à l’extérieur des parois et de former un tas au moins aussi haut que les murs. Il suffit ensuite de tendre la sangle sur la bâche en profitant de la forme bombée du silo.
D’autres alternatives aux pneus existent, comme des tapis de mine ou des bâches de lestage. Ces produits, assez lourds, s’utilisent en complément ou en remplacement des boudins. Certains éleveurs les emploient par exemple uniquement sur les extrémités du tas qui sont les zones les plus sensibles. En effet, en bout de silo, le tassage n’est pas aussi efficace et dans la pente, il est plus difficile de maintenir la bâche avec des sacs boudins. Ces tapis sont aussi utilisés parfois pour retenir la bâche au niveau du front d’attaque et éviter ainsi un redémarrage de la fermentation. L’éleveur la recule de 50 cm à 1 m de temps en temps, selon sa vitesse d’avancement.
Assurer une protection anti-UV
« D’autres agriculteurs vont plus loin en utilisant des bâches de lestage sur tout le silo, explique Stéphane Laurent, de Loire Conseil Élevage. Le prix de revient au mètre carré est 1,5 à 2 fois plus élevé qu’avec des sacs boudins, mais le filet anti-perforation n’est plus utile. Il y a aussi moins de travail de manutention. Ces tapis de lestage se posent parfois directement sur un film anti-air sans bâche noire entre les deux. Je recommande cette pratique uniquement si l’éleveur a l’habitude de manipuler ce genre de film anti-air très fin et s’il maîtrise tous les paramètres, comme la protection anti-UV. » En effet, certains films sont traités contre l’effet des rayons solaires mais ce n’est pas toujours le cas. D’où l’intérêt de la seconde couverture par la bâche noire ou par l’utilisation de filets spécifiques. Quel que soit le mode de lestage choisi, cette fonction anti-UV ne doit jamais être négligée.


En septembre dernier, le Gaec L’Audjonnière a livré son stock de vieux pneus sur un centre de collecte, dans le cadre d’une opération de recyclage menée par Ensivalor. Cette association, qui implique les manufacturiers et les constructeurs automobiles, s’est fixé comme objectif d’éliminer 15 000 t de pneus par an en provenance du milieu agricole. Des opérations sont organisées par département via un comité de pilotage regroupant chambre d’agriculture, FDSEA et JA. Chaque collecte est annoncée dans la presse locale et sur les réseaux sociaux. Grâce aux subventions actuellement disponibles, le prix de revient pour l’agriculteur est de l’ordre de 50 à 80 €/t, alors qu’en temps normal le recyclage de ses pneus lui coûterait 250 à 350 €/t.
•Gaec L’Audjonnière en Vendée : deux associés, un salarié et un apprenti
•120 ha de SAU : 35 de céréales, 35 de maïs et le reste en prairies
•75 VL
800 000 l/an
•Quatre silos d’une surface totale de 1 500 m²
•Investissement de 1 000 € en 2020 dans 500 sacs boudins (0,80 € pièce) et de 10 t de graviers (60 €/t)