C’est un vrai coup dur pour l’élevage bovin dans le nord de la France : l’annonce par Tereos de la baisse progressive de la disponibilité en pulpe de betterave surpressée en 2023 et 2024. À partir de 2025, seuls les planteurs-coopérateurs auront accès à cet aliment. Or, dans cette région à forte pression foncière, la pulpe est une source d’énergie à tarif abordable qui contribue à sécuriser les bilans fourragers. Selon Res’Alim, l’observatoire du Cniel, plus de la moitié des élevages laitiers en système « maïs dominant » l’utilisent dans la ration des vaches (558 élevages, sur 1011 suivis). Pour plus de précision, le Criel Nord-Picardie a lancé une vaste enquête afin d’estimer le manque à gagner.
La méthanisation pointée du doigt
La coopérative sucrière explique cette décision par l’augmentation de la demande de 5 à 6 % de ses membres, éleveurs et méthaniseurs, et par la diminution de la ressource : « C’est une décision difficile, mais l’an dernier, nous n’avons déjà pas pu répondre à toute la demande. Pour cette campagne, il y a 15000 ha des surfaces en moins et on s’attend à une baisse des rendements liée notamment à l’arrêt des néonicotinoïdes », explique Émilien Rose, administrateur. En 2025, il faudra donc être planteur et dans un rayon de 50 km autour d’une usine. Cette situation aura aussi un impact sur la pulpe déshydratée, brute ou incorporée aux aliments du bétail. « C’est encore un mauvais coup porté à l’élevage, aggravé par le développement de la méthanisation, déplore Charles Inglard, président de l’ADPL (section lait de la FDSEA). Il ne s’agit pas d’être contre ces projets, mais ils doivent être vertueux : les coproduits en priorité à l’élevage puis les déjections vers les méthaniseurs. Pour cela, il faut une ligne politique claire car les agriculteurs ne pourront pas assurer la souveraineté alimentaire et produire de l’énergie. »
Si Tereos réfute l’idée d’un transfert des pulpes vers la méthanisation, le responsable syndical évoque un volume de 30 % absorbé par cette filière énergie.