Broyer la paille destinée à l’alimentation des animaux limite les refus et augmente les quantités ingérées. Pour s’assurer d’une bonne valorisation dans la ration, l’objectif est d’obtenir des brins de 5 à 8 cm de longueur au maximum. La paille broyée plus finement peut également servir de litière dans les logettes. Afin d’en augmenter le pouvoir absorbant, l’éleveur visera un calibre plus petit, avec un défibrage du brin sur la longueur. « Une large panoplie d’outils existe pour broyer de la paille, rappelle Christian Savary, de la chambre d’agriculture de Normandie. L’opération se fait soit au champ au moment du pressage, soit ultérieurement dans la saison, en repassant les bottes une à une dans un matériel spécialisé. »
Couper ou broyer en pressant
La solution la plus simple consiste à utiliser une presse équipée d’une rangée de couteaux, à condition que ces derniers soient suffisamment resserrés. Pour obtenir une majorité de brins mesurant moins de 8 à 10 cm, l’outil doit en posséder au minimum 25 sur toute la largeur. Mais c’est rarement le cas, les round-baller en possèdent le plus souvent 12 à 15. Malgré tout, ce premier hachage permettra de gagner du temps en facilitant le travail de recoupe complémentaire dans le bol mélangeur. Pour obtenir un broyage plus fin, les Cuma et les ETA s’équipent de broyeurs montés sous la flèche du big-baller. Ces matériels possèdent, selon les modèles, de 40 à 80 couteaux, qui hachent la paille entre 2 et 5 cm. Pour que les balles se tiennent, il est indispensable de les serrer au maximum, et parfois de réduire leur longueur à 2 m. Les bottes pèsent alors près de 500 kg. Très performant, ce type de broyeur nécessite également une puissance plus importante, ce qui divise pratiquement par deux la vitesse de progression de la presse et augmente le prix de l’atelier. De 7 à 8 € par botte sans le broyage, la facture monte souvent à 16 ou 17 € l’unité, soit un prix de revient de l’ordre de 30 à 40 € par tonne de paille broyée et pressée.
Ensiler la paille au champ
Plutôt que d’investir dans un broyeur, certains entrepreneurs ou Cuma préfèrent ramasser la paille directement avec leur ensileuse. Mais récolter en vrac nécessite des remorques nombreuses et cela n’est intéressant que si les champs sont vraiment proches de la ferme. Le stockage impose aussi de disposer d’un grand espace à l’abri. En revanche, la reprise hivernale avec le godet est assez facile. Pour les chantiers plus éloignés, certaines ETA proposent une solution innovante, en ensilant la paille pour la projeter directement dans un big-baller équipé d’un cône placé au-dessus du pick-up. Ce principe affiche un bon débit car les machines se déplacent parfois jusqu’à 12 km/h, mais cela impose de faire rouler l’ensileuse et le tracteur en parallèle et donc de faire appel à deux chauffeurs. Quelques ETA vont encore plus loin, par exemple en modifiant leur automotrice pour atteler le big-baller à l’arrière, ou en utilisant une ensileuse portée à l’avant du tracteur et raccordée à un tuyau souple qui envoie la paille jusque dans la presse cubique.
Ramasser les andains à l’autochargeuse
« La récolte à l’autochargeuse est un bon compromis pour ramasser et broyer la paille au moment de la moisson, ajoute Christian Savary. Ces machines sont généralement équipées d’une rangée de couteaux suffisamment resserrés pour créer des brins de 4 à 5 cm, et en compressant la paille, l’éleveur ramène un gros volume à chaque tour. Si l’exploitant a la possibilité de décharger contre un mur, il arrive à stocker une grande quantité de matière dans un volume raisonnable, même si cela prend toujours plus de place que des bottes cubiques. »
Passer les bottes dans l’ensileuse
Broyer la paille au moment de la récolte permet de concentrer deux opérations au même moment mais complexifie aussi les chantiers, à une période déjà bien chargée. C’est pourquoi certains éleveurs préfèrent presser normalement la paille et broyer ensuite les bottes à la ferme. Ils font alors appel à leur Cuma ou à une ETA. Quelques prestataires proposent un broyage à l’aide de l’ensileuse : une manière de rentabiliser davantage la machine. Cette pratique est très employée pour le paillage des volailles, mais les éleveurs laitiers situés à proximité peuvent également en profiter. L’opération coûte généralement aux alentours de 30 à 40 €/t. L’ensileuse est placée à poste fixe dans la cour et projette directement la paille dans la zone de stockage. Un système de convoyeur est aménagé à l’avant de la machine de façon à faire avancer les bottes jusqu’au rotor. Ce principe donne de bons résultats avec des calibres réguliers, mais produit beaucoup de poussière. Les brins coupés entre 1 et 3 cm par les couteaux ne sont pas défibrés ; pour un usage en litière, il est souvent nécessaire d’en augmenter l’absorption en y ajoutant de l’asséchant.
Utiliser un broyeur spécifique
Enfin, il existe des broyeurs à paille spécifiques, comme ceux des marques Teagle ou Haybuster. Déclinés en différentes capacités pour convenir aux exploitations individuelles comme aux Cuma et ETA, ces matériels fonctionnent avec des marteaux qui hachent la matière contre des grilles. Le calibre est ajusté en fonction de la taille des trous : de quelques millimètres de longueur à plusieurs centimètres, selon l’usage. Ces outils génèrent aussi beaucoup de poussière mais ils présentent l’avantage de défibrer la paille : la farine obtenue a un pouvoir absorbant plus important, qui limite d’autant la quantité à épandre dans les logettes (lire l’encadré page précédente).
« Broyer à la ferme me permet de mieux maîtriser à la fois l’organisation du chantier et la qualité, souligne un éleveur du Nord interrogé sur la question. Auparavant, je faisais presser ma paille par une ETA locale qui utilisait une presse cubique avec broyeur sous la flèche. Mais pour en tirer un bon résultat dans notre région, il faut travailler entre 13 h et 19 heures, quand la paille est sèche et cassante. Malheureusement, on ne choisit pas les horaires de passage de l’ETA. C’est pourquoi en 2018, j’ai recommencé à presser moi-même la paille en balles rondes. Je stocke à part les bottes de meilleure qualité et je les broie plus tard. Cette organisation me convient bien, car je ne broie que les quantités dont j’ai besoin. »
La finesse du hachage affecte directement le débit ainsi que le prix de revient. Avec le calibre le plus petit, de l’ordre de 6 à 10 mm, la facture s’élève aux environ de 60 à 70 €/t, mais l’éleveur s’y retrouve ensuite sur les quantités consommées : 500 g/j et par logette suffisent généralement à garder les animaux propres.