Réponse de l’expertstrong
Habituellement, sur les sols très filtrants, les premières mises à l’herbe ont lieu entre mi-février et début mars. Cette année, elles se sont déroulées le plus souvent après le 15 mars. Les pluies abondantes et régulières depuis l’automne compliquent la sortie des vaches. Dans les régions plus froides, les fonds de vallée et les sols argileux, la mise à l’herbe est retardée à fin mars ou début avril. Dans la majorité des cas, il faut gérer une herbe haute à l’entrée des parcelles, c’est-à-dire à 9 cm et plus (plus de 1 t/ha de MS consommable). Le climat doux de l’automne et de l’hiver a favorisé une pousse précoce, mais les conditions humides ont empêché de l’exploiter au stade voulu. La tentation est d’organiser un premier passage rapide des vaches sur toutes les parcelles, avant de lancer un véritable circuit de pâturage.
Retirer une partie des prairies pour la fauche
Avec une telle hauteur d’herbe, il est déconseillé de déprimer toutes les parcelles. D’une part, on gaspille cette première herbe de printemps abondante, alors même que les stocks de maïs ensilage doivent être gérés à l’économie cette année. D’autre part, on prend le risque de refus aux pâturages suivants. Il faut accepter de retirer du circuit les parcelles avec le plus d’herbe et de les faucher précocement en avril, en ensilage ou en enrubannage. De cette façon, on pourra les réintroduire et obtenir de très bonnes repousses.
Ce retrait permet aux parcelles restantes d’être mieux exploitées. Afin de bien raser les paddocks tout en respectant un temps de repos entre deux pâturages d’au moins 20 jours, l’idéal est de couper chacun avec un fil avant, en deux ou plus, pour offrir chaque jour un nouveau repas d’herbe. Cette surface réduite force les vaches à la consommer et limite les refus et le tri par les animaux. Bien entendu, la ration à l’auge est ajustée à la quantité d’herbe proposée.
Si ce conseil arrive trop tard ?
En cas de prairies mal déprimées, le mieux est de les remettre « au propre » par un ensilage ou un enrubannage. On peut aussi les faire nettoyer par les génisses les plus âgées, les bœufs ou les allaitantes, durant un ou deux jours, après le passage des laitières. Si vous avez dans l’idée de réaliser un toping, il faut le réserver, plus tard dans la saison, aux refus montés en épis. Leur fauche est laissée au sol et consommée le lendemain.
Parcelle en limite de portance : deux astuces
On considère qu’une prairie n’est pas portante lorsque le talon de la botte s’enfonce d’au moins 3 à 5 cm dans le sol après avoir tapé fortement le pied. Mieux vaut alors orienter directement la parcelle vers la fauche. Si elle est en conditions « limites », le placement de l’abreuvoir à au moins 30 m de l’entrée de la parcelle diminuera les piétinements. De même, on peut créer une entrée à un bout de parcelle et la sortie à l’autre.
La couleur de l’herbe pour adapter la baisse du correcteur azoté
Couleur vert clair. À cause des pluies régulières, les pieds des espèces prairiales en sols argileux ou en fonds de vallée ont baigné longtemps dans l’eau, avec un accès limité à l’azote. C’est ce qu’indiquent leurs feuilles vert clair. Ce type d’herbe a un rapport azote/énergie plutôt équilibré. Il corrige peu le déficit en azote du maïs ensilage. À la réduction de 3 à 4 kg de MS de maïs ensilage dans la ration correspond celle de 600 g d’un mélange de 50 % de tourteau de soja et 50 % de tourteau de colza (200 g/kg de MS de maïs en moins).
Couleur vert foncé. Plus riche en azote, elle corrige davantage le maïs ensilage. À la réduction de 3 à 4 kg de MS de maïs ensilage correspond donc celle de 1 kg de correcteur azoté.