«Sur mon exploitation, je produis environ 5 ha de luzerne pure et 30 ha en dérobée avec un mélange de ray-grass et de trèfle incarnat pour de l’ensilage, explique Dominique Manceau, éleveur laitier à Saint-Malô-du-Bois (Vendée). Ce printemps, j’ai utilisé un andaineur à tapis pour regrouper les andains devant l’ensileuse. Un choix validé par la quinzaine d’éleveurs qui compose la Cuma Sèvres et Bois à laquelle j’appartiens. Objectif de ce matériel : limiter les pertes de feuilles de légumineuses au champ. »
Développer la part de légumineuses dans la rotation est, depuis plusieurs années, une volonté commune à plusieurs éleveurs de ce groupe. En 2012, la Cuma avait déjà investi dans une faucheuse conditionneuse à rouleaux John Deere 530. À l’époque, beaucoup d’adhérents recherchaient un modèle moins agressif que les conditionneuses à fléaux classiques. « Nous avions essayé de réduire l’action des fléaux en jouant sur le régime de la prise de force au travail, mais cela n’était pas satisfaisant, complète Dominique Manceau. En comparaison, les rouleaux font tomber moins de feuilles. Le résultat est probant et ces outils ne changent pas la vitesse de travail. À l’achat, le prix est équivalent. Depuis, la Cuma a également investi dans une faucheuse à plat, sans conditionneur, qui n’engendre que peu de pertes. Mais la tige de la luzerne, souvent épaisse, n’est pas attaquée : elle met alors beaucoup de temps à sécher. La conditionneuse à rouleaux reste donc, selon moi, la plus intéressante pour accélérer la dessiccation. »
« La Cuma est passée à 450 ha d’herbe à ensiler »
Les années suivantes, les éleveurs ont poursuivi leurs investigations pour trouver du matériel adapté aux légumineuses. En 2014, la Cuma a acheté un retourneur d’andains de marque Dion. Le système est efficace pour accélérer le séchage du fourrage sans recourir au fanage, mais cet appareil ne travaille que sur un seul andain à la fois. Les exploitants ont fini par le revendre car le débit de chantier n’était pas suffisant. Ils se sont alors intéressés aux andaineurs à tapis. Mais le prix, presque trois fois plus élevé qu’un andaineur à double rotor, a freiné leurs ambitions. En 2016, la Cuma obtient une subvention de 40 % dans le cadre d’un PCAE(1). Leur choix se porte sur un Kuhn Merge Maxx 950 dont ils ont vu un prototype en fonctionnement chez un entrepreneur. Dans le même temps, l’ensileuse est à renouveler. Le groupe choisit une John Deere 8200i, un modèle plus puissant que le précédent pour répondre au nombre grandissant d’adhérents au sein de la Cuma. « Nous passions alors à 450 ha d’herbe à ensiler par an, précise Dominique Manceau. C’est aussi pourquoi nous voulions regrouper les andains pour gagner en débit de chantier. L’ancienne machine était équipée d’un pick-up large repliable. Grâce à l’andaineur, nous utilisons un pick-up étroit fixe. Je pense qu’à l’usage, il sera plus robuste et plus fiable qu’un modèle repliable. Il est aussi plus pratique et moins encombrant lors des déplacements. »
Les investissements sont actés fin 2016. L’andaineur sera livré un an plus tard car à l’époque, le constructeur n’avait pas encore commencé la production en série. Durant la saison 2017, les éleveurs ont donc utilisé un andaineur classique à deux rotors. Un matériel qui n’est pas idéal car sur ce secteur de bocage, les parcelles sont rarement planes et possèdent en plus des cailloux en surface. Si au moment du semis, l’exploitant n’a pas roulé correctement le sol, les râteaux ramènent alors beaucoup d’impuretés dans le fourrage. Selon le taux de matière sèche du fourrage, l’andaineur à rotor laisse aussi une partie des feuilles de légumineuses sur le sol. Le nouvel andaineur n’a pas cet inconvénient. Il est composé de deux modules identiques comportant un pick-up avec une volute antirechute sur l’avant et un tapis transversal. Le chauffeur choisit sur le boîtier en cabine son mode de déversement : tout à gauche, tout à droite, de chaque côté vers l’extérieur ou bien au milieu en écartant les modules pour former un andain central. Sa largeur de travail maximale est de 9,50 m, soit trois passages de faucheuse.
Pour l’ensilage, les éleveurs déposent les trois andains sur le quatrième. En été, ils prévoient de regrouper sept andains en un aller et retour si les volumes sont moins importants. L’andaineur est tiré par un tracteur de 120 ch. La prise de force entraîne la centrale hydraulique qui alimente les tapis et les pick-up. Toute la partie relevage, repliage et écartement des modules est directement reliée aux distributeurs hydrauliques du tracteur. Ce modèle, unique dans la gamme, est commercialisé par Kuhn aux environs de 70 000 € hors taxes.
« Le coût global de la prestation d’ensilage n’a pas augmenté »
« Avec cet andaineur, le débit de chantier de l’ensileuse est optimisé, constate Dominique Manceau. La machine roule certes moins vite qu’auparavant, mais cela libère de la puissance pour assurer un hachage de qualité. Agronomiquement, le regroupement d’andains limite également le nombre de passages d’engins dans la parcelle, et donc la compaction des sols. Économiquement, le coût global de la prestation d’ensilage n’a pas augmenté car le prix de l’andainage est compensé par l’économie générée sur l’ensileuse grâce au pick-up étroit, moins cher à l’achat qu’un modèle plus large, et par l’amélioration des débits de chantier. »
Avec cette nouvelle organisation, l’ensileuse atteint désormais des rendements de 5 ha par heure, contre 3 ha/h seulement avec l’ancienne machine. Quant à l’andaineur, son rendement est d’environ 5 à 6 ha/h.
(1) Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles.