De la farine de biscuits pour booster le rumen

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Flore. En manque d’amidon et de sucres rapides, la flore du rumen était à la peine. L’ajout de farine de biscuits lui a donné un coup de peps.

Les maïs ont particulièrement souffert de la sécheresse l’an dernier dans le Grand Est, en Bourgogne notamment avec, pour résultat, des stocks d’ensilage manquant cruellement de grains, pauvres donc en amidon et en sucres. Cet élevage de Côte-d’Or de notre clientèle a clairement été confronté au problème. Impossible, pour lui, en début d’hiver dernier, de voir son troupeau décoller en lait avec sa ration habituelle à base d’ensilage de maïs, foin et enrubanné de pré pour les fourrages.

120 laitières plafonnant à 24-25 litres

Rien à faire : les 120 laitières plafonnent à 24-25 litres. Le niveau de production des génisses à vêler affiche des résultats également décevants, bien en deçà de l’année précédente. Et pourtant, l’aspect général du troupeau est bon, aucune perte d’état excessive n’est observée, les taux sont corrects avec un bon écart TB/TP et un taux d’urée normal (de l’ordre de 300 g/l). Une opportunité et le constat que l’ensilage de maïs manquait de sucre conduisent l’éleveur à acheter de la farine de biscuits. Son ajout, à hauteur de 1,5 kg par VL en décembre, aura un effet bien au-delà des espérances de l’éleveur. Les vaches commencent rapidement à monter en lait et les fraîches vêlées expriment beaucoup mieux leur potentiel génétique en début de lactation… les nouvelles primipares à vêler, en particulier. En un peu plus de six semaines, ce n’est pas un ou deux litres supplémentaires par vache et par jour que le troupeau produit, mais quasi 4 litres, sans que les animaux ne perdent plus d’état. Sur 120 laitières, la paie de lait s’en ressent.

Un coup de booste qui n’est pas étonnant

La ration qui, mis à part l’apport de la farine de biscuits, n’a pas changé, se compose de foin de pré en tête de repas, puis 15 kg d’ensilage de maïs, 7 kg d’ensilage d’herbe, 2 kg de pulpe déshydratée, 3,2 kg de tourteau de colza Expeller, 0,7 kg de tourteau de soja, 1,5 kg de triticale et 300 g de minéral. Cette farine de biscuits ajoutée titre 11 % de protéines brutes, 3,4 % de cellulose brute, 10,5 % de matières grasses, 33 % d’amidon. Ce coup de booste de la farine de biscuits, source d’amidon et de sucres rapides pour le rumen et d’un peu de matière grasse, n’est pas étonnant. Sur une ration trop riche en amidon et/ou en sucre rapide, l’utiliser aurait pu être catastrophique et mettre le troupeau en acidose. Dans le cas présent, l’ajout de cette farine a certainement conduit au développement d’une flore amylolytique et apporté les sucres et amidon manquant cruellement à l’ensilage de maïs. Sur le papier, ce 1,5 kg de farine n’aurait pas dû autoriser la production de 4 litres de lait en plus.

Si c’est le cas, c’est qu’elle a permis une meilleure utilisation par le rumen de l’ensemble des composants de la ration.

Les apports protéiques étaient suffisants pour produire 28 à 29 litres de lait, mais ils ne trouvaient pas l’énergie rapide pour permettre le développement de la flore ruminale.

Il est probable que l’azote,vite fermentescible dans le rumen, apporté par l’ensilage d’herbe et le tourteau de colza, était en partie gaspillé par manque d’énergie rapidement soluble. La farine de biscuits a remédié à ce problème et optimisé les fermentations sans fragiliser le troupeau­.

La ration a été mieux digérée. Les taux n’ont pas baissé et l’état des vaches a peu diminué. Un achat vite rentabilisé, donc.

Un produit à utiliser avec doigté

Prudence néanmoins avec un tel produit. Il doit s’utiliser en raisonnant selon le bon fonctionnement du rumen et en intégrant les autres aliments de la ration riches en amidon et sucres rapides.

Pour limiter les risques, il est conseillé de ne pas dépasser 2 kg par jour dans l’apport d’un tel nouvel aliment. Il est crucial aussi de suivre les données de production (litrage, TP, TB et rapport TB/TP) au jour le jour, ainsi que l’évolution clinique des animaux (rumination, aspect des bouses, des sabots, démarche, comportement au sel, léchage…). Toutes ces observations permettent toujours d’éviter de grosses erreurs alimentaires sur un troupeau.