Un plan d’action contre la mortalité des veaux

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Morbidité. Comment une approche globale du péri-partum a permis de réduire les pathologies.

Confronté à des problèmes de maladies et de mortalité des jeunes veaux entre la naissance et le premier mois de vie, l’éleveur a souhaité mener une réflexion globale sur la prévention des pathologies. Il s’agit d’un élevage de 120 vaches, avec un niveau de production de 33 kg de lait par jour. Les vaches en production sont en logettes et les taries sur aire paillée.

Le logement et le plan lacté en lien avec les pathologies

Les principaux problèmes rencontrés portaient sur des diarrhées, sans oublier des infections du nombril et des difficultés respiratoires. L’audit de l’élevage a fait ressortir les pratiques d’élevage en lien avec ces pathologies.

Un logement des taries pas optimal : paillage insuffisant et défaut d’accès à l’eau d’abreuvement (un seul point d’eau pour 10 vaches taries).

Un colostrum de qualité insuffisante : 22 % de Brix observé en moyenne sur 20 vêlages.

Un mode de distribution du colostrum perfectible : 2,5 à 3 litres de colostrum, donné au seau ou au biberon lors de la traite suivant l’heure de la naissance. Ainsi, les veaux nés en fin de matinée ou en soirée ne recevaient leur colostrum que six à huit heures après la naissance.

Un logement des veaux pas adapté : un bâtiment trop froid en hiver (<8 °C), avec les veaux logés en case individuelle pendant seulement une semaine avant de passer dans une case collective équipée d’un Dal.

Une propreté insuffisante des cases individuelles, présentant un risque infectieux important.

Davantage de colostrum et de lait distribués

Sur la base de cet audit, un plan d’action a été mis en place.

Le logement des taries a été revu : une partie du bardage a été supprimée pour assurer une meilleure ventilation et un deuxième point d’eau ajouté. Le paillage est aussi plus abondant (2 kg/vache/jour).

Deux semaines avant vêlage, les taries reçoivent un complément alimentaire riche en sels anioniques pour la maîtrise de la Baca, des oligosaccharides et des oligoéléments pour améliorer l’efficacité du système immunitaire. Ces actions ont renforcé la qualité du colostrum, désormais supérieur à 26 % de Brix en moyenne et contrôlé quasi systématiquement.

De nouvelles cases indivi­duelles ont été installées, afin d’avoir assez de place pour mettre en œuvre un nettoyage complet après chaque utilisation, avec un détergent plus un désinfectant à large spectre (virus, bactéries, champignons, cryptosporidiose et coccidiose). Par ailleurs, un toit composé d’un filet (pour laisser passer l’humidité due à la transpiration) a été installé au-dessus des cases pour améliorer le confort thermique des veaux en hiver.

Tous les veaux reçoivent désormais 4 litres de colostrum le plus tôt possible après la naissance, à l’aide d’une sonde œsophagienne.

Un nouveau plan d’allaitement a été adopté avec davantage de volumes de lait et de poudre afin d’augmenter la quantité de calories apportées aux veaux en hiver (5000 kcal/j) et ainsi les aider à lutter contre le froid, tout en sécurisant leurs performances. De 2 repas de 2 litres de lait entier par jour en case individuelle, ce nouveau plan prévoit 2 repas de 3,5 litres ; puis, après le passage en case collective, jusqu’à 1 kg de poudre/j au Dal avec un sevrage progressif programmé à 75 jours.

Certains aspects peuvent encore être améliorés, comme le passage des veaux en case collective à 15 jours désormais, ce qui est encore un peu trop précoce. Dans un élevage où il n’y a qu’un seul lot de génisses de 15 jours au sevrage, il faudrait privilégier trois semaines en niche individuelle, sinon prévoir de faire deux lots. La distribution du colostrum aux veaux nés en soirée pourrait aussi être plus précoce. Néanmoins, grâce au respect de ce plan d’action, les pathologies et le recours aux antibiotiques ont baissé significativement.