Un cas clinique de FCO cet automne

Profitez de la période hivernale pour vacciner, et ainsi protéger le troupeau d’une résurgence du virus au printemps.

Une vache tarie de race montbéliarde, âgée de 4 ans, est en pâture en cette fin de saison. Son comportement interpelle son propriétaire. Elle s’est isolée du groupe et semble très nerveuse. Elle est agitée, se déplace continuellement, piétine, se couche et se relève rapidement. Aucun doute, cet animal est perturbé et très inquiet. À mon arrivée, l’éleveur avait ramené la vache dans un petit enclos. Au premier coup d’œil, les symptômes sont visibles : le gonflement des paupières associé à un larmoiement et du ptyalisme (salivation excessive). Sa note d’état corporel est de deux avec un score de remplissage du rumen de la même valeur. Sa température rectale est de 38,6 °C.

L’animal est très abattu avec des phases de prostration, le reste de l’examen est réalisé sur une bête couchée. L’examen général ne montre pas d’anomalie particulière. Par contre, une congestion importante est identifiée à plusieurs endroits du corps : les paupières, le mufle, la cavité buccale, les bourrelets coronaires, la vulve et la mamelle, en prenant une teinte légèrement bleutée. Des érosions et des ulcères sont bien visibles sur le mufle avec l’apparition de petites croûtes. Mon diagnostic s’oriente vers un cas clinique de fièvre catarrhale ovine (FCO). J’exclus le risque d’un foyer de fièvre aphteuse par l’absence d’aphtes dans la gueule et entre les onglons. Pour tout traitement, j’administre un anti-inflammatoire non-stéroïdien pour soulager l’animal.

Je réalise les prélèvements réglementaires, à savoir une prise de sang sur tube EDTA pour effectuer la recherche du génome viral par PCR, résultat qui se révélera positif pour le sérotype 8, celui qui circule actuellement en France depuis l’été dernier.

Un impact économique fort pour les élevages

Il existe 26 sérotypes différents de l’orbivirus responsable de la maladie. C’est en 2007 et 2008 que la France fut durement touchée par une épizootie par les sérotypes 1 et 8. L’Italie est actuellement frappée par les sérotypes 1 dans le sud de la botte et 4 dans le nord-est.

Pour rappel, la transmission du virus d’un animal infecté à un autre se produit par l’intermédiaire d’un vecteur, un moucheron du genre culicoïde. C’est une maladie strictement animale qui n’affecte pas l’hommeet qui n’a aucune incidence sur la qualité des denrées. Les espèces concernées sont essentiellement les ovins mais également les bovins, les caprins et les ruminants sauvages.

L’infection, quand elle n’est pas mortelle, provoque des chutes de production laitière, des amaigrissements, des retards de croissance, de l’infertilité transitoire ou persistante chez les mâles, des retours en chaleurs précoces et tardifs (mortalités embryonnaires et fœtales) chez les femelles et des malformations cérébrales congénitales. Son impact économique dans nos élevages est donc majeur.

Un Vaccin gratuit actif contre le sérotype 8

L’outil le plus efficace pour protéger son troupeau et garantir sa commercialisation demeure la vaccination. Actuellement, le vaccin disponible gratuitement est actif contre le sérotype 8. Nous voilà fin novembre, l’hiver frappe tout doucement à notre porte, ce qui entraînera une période d’inactivité vectorielle jusqu’au printemps. ­Profitez de cette période de répit, de la présence de vos animaux dans les bâtiments pour vacciner ou faire vacciner votre cheptel afin de le protéger contre toute résurgence au printemps et garantir la santé et la productivité de votre troupeau.