Le syndrome hémorragique intestinal des VHP

Récemment diagnostiqué, le syndrome hémorragique intestinal implique la qualité et l’équilibre de la ration des hautes productrices.

Le cas qui nous intéresse débute par l’appel d’une éleveuse, à la suite d’un épisode de coliques violentes apparues sur une vache laitière en deuxième lactation, vêlée depuis deux mois environ. Elle venait de passer en salle de traite avec un pis vide, alors que la traite du matin s’était déroulée normalement. Puis, elle avait manifesté des signes de douleur abdominale intense, se traduisant par des coups de pied en direction de l’abdomen, et une tendance à se relever et à se coucher brutalement. Lors de ma visite, l’animal était plus calme et sa température normale, comme tout le reste de l’examen clinique, à l’exception d’une légère tachycardie (accélération du rythme cardiaque), pouvant être en lien avec l’épisode d’agitation violente et d’un fort ralentissement des contractions ruminales.

Une issue souvent fatale

Dans cet élevage, tous les animaux reçoivent un aimant en première saison de pâture et les pneus ne sont quasiment plus utilisés sur les silos. L’hypothèse de coliques liées à un corps étranger est donc écartée. Mais en l’absence de signes cliniques évidents, l’origine de cet épisode de coliques reste floue : il n’y a pas eu de changement alimentaire récent, ni de problème d’accès à l’eau.

En première intention, j’injecte un anti-inflammatoire dans le but de calmer la douleur digestive. Rendez-vous est pris pour le lendemain afin d’avoir au moins des nouvelles téléphoniques sur son état. Mais le lendemain, la vache n’est pas au mieux. Elle est même beaucoup trop calme, peine à se lever, est en hypothermie et le dépôt rougeâtre laissé sur le thermomètre ne laisse présager rien de bon. La palpation transrectale confirme la présence de bouses rougeâtres avec des caillots de sang. La panse ne se contracte plus et la tachycardie est toujours présente. À ce stade, l’hypothèse principale est le syndrome hémorragique intestinal.

Malgré un pronostic sombre, mais en accord avec l’éleveuse, un traitement de soutien est mis en place : drenchage, pansements digestifs, antispasmodique digestif. Mais l’animal sera euthanasié trois jours plus tard sans qu’il ait pu se réalimenter. À l’autopsie, on découvre la présence de liquide séro-hémorragique, associé à de la fibrine, dans la cavité abdominale ainsi que la présence de trois portions d’intestin qui contiennent chacune un gros caillot de sang, lesquels, mis bout à bout, ont une longueur d’environ 2 m. Ces observations confirment l’hypothèse du syndrome hémorragique intestinal.

Gare aux mycotoxines et à l’excès d’amidon

Cette pathologie concerne principalement les vaches prim’holsteins hautes productrices en deuxième lactation ou plus. Elle se manifeste le plus souvent dans les trois premiers mois de lactation dans des élevages où l’on distribue une ration mélangée, riche en énergie glucides fermentescibles (amidon). Son origine n’est pas encore élucidée. On a suspecté l’intervention de clostridies (Clostridium perfringens de type A), de bactéries impliquées dans l’entérotoxémie, ou celles de moisissures (Aspergillus fumigatus). Les hypothèses s’orientent vers une origine multifactorielle, avec une implication possible de colibacilles associés à des mycotoxines, produites par des moisissures présentes dans les aliments. Cette pathologie de description récente a donc, quel que soit le ou les agent(s) en cause, un point dedépart alimentaire. ­Toutes les mesures de prévention actuelles sont donc les mesures classiques, qui ont aussi leur intérêt pour gérer les problèmes métaboliques tels que l’acidose ou la cétose : gestion des transitions alimentaires, prévention des risques d’acidose, limitation des ­contaminations par les mycotoxines, hygiène des postes d’abreuvement et de l’entreposage des aliments…