C’est au départ un problème de montée cellulaire, observée depuis le printemps dernier, qui nous a amenés à intervenir dans cet élevage d’une soixantaine de prim’holsteins. En l’absence de véritable flambée de mammites et avec un taux de guérison inférieur à 30 % sur les vaches avec un petit épisode clinique, il est décidé, dans un premier temps, de travailler sur un changement du protocole de tarissement, un renforcement du protocole de traitement en lactation, un changement des produits de prétrempage et post-trempage, et une désinfection des manchons trayeurs entre chaque vache. Autant de mesures classiques en pareille situation. L’assistance à une traite ne révèle par ailleurs pas de lésions majeures sur les trayons. Des prélèvements de lait sur les vaches infectées sont réalisés. Bien que la mise en place d’un plan cellules ne donne que rarement des résultats très rapides, ici, aucune amélioration n’est notée.
Surprenant : des veaux « trembleurs » à la naissance
Quelques mois passent et en fin d’été, l’éleveur nous appelle pour quatre veaux : ils sont nés dans le même mois, tremblent de la tête à la queue, ont du mal à se lever et à se déplacer, mais tètent bien. Au bout de quelques jours, les symptômes diminuent et les animaux redeviennent quasiment normaux. Étant donné les similitudes de symptômes avec les « agneaux trembleurs » observés lors de Border Disease (la BVD des moutons), nous décidons de réaliser des prises de sang pour faire une PCR BVD. Résultats : tous les veaux se révèlent être « IPI » (immuno-infecté permanent).
Une recherche à l’échelle du troupeau est enclenchée. Pour limiter les coûts, les PCR sont ciblées sur tous les veaux nés de l’année et à naître et sur les génisses jusqu’à 18 mois d’âge. Les vaches dont les veaux sont nés IPI seront à leur tour testées, ainsi que les vaches n’ayant pas de veaux nés ou à naître sur l’année. Quatre nouveaux animaux sont trouvés IPI dont une génisse de un an. Le virus circule donc depuis de nombreux mois dans cet élevage, avec un pic de naissance d’IPI depuis le printemps, pic ayant pu abaisser l’immunité globale du troupeau. D’où probablement un terrain propice à la montée des comptages cellulaires observés. Un épisode de diarrhées sur les veaux avait d’ailleurs eu lieu l’année passée. En questionnant notre éleveur sur la reproduction de son troupeau, les résultats sont un peu moins bons cette année, mais sans rien de dramatique pour autant. La BVD est une maladie qui peut prendre un peu n’importe quelle forme, voire passer quasiment inaperçue.
Toujours pas de plan national homogène contre la BVD
La plupart du temps, la reproduction est touchée, mais en cas de vêlages relativement groupés, cette fonction peut être épargnée. Elle immunodéprime en revanche toujours le troupeau et peut ainsi permettre le développement de n’importe quelle maladie. Il n’y a malheureusement toujours pas de plan de prophylaxie national homogène, ce qui rend la maîtrise de la maladie difficile, à cause notamment des mouvements d’animaux et introductions. Seule la vaccination avec des vaccins garantissant la protection fœtale permet de protéger le troupeau.