COMMENT PRÉPARER LE VÊLAGE À L'HERBE

MARC ENNUYER, VÉTÉRINAIRE DANS LA SOMME
MARC ENNUYER, VÉTÉRINAIRE DANS LA SOMME (©)

Il faut adapter la flore bactérienne du rumen à une ration basée sur le maïs-ensilage à partir du vêlage.

PENDANT LA PÉRIODE ESTIVALE, le plus souvent, les vaches laitières à haute production sont taries au pâturage sans complémentation particulière. Après le vêlage, elles consomment de l'ensilage de maïs qui est indispensable pour assurer une densité énergétique suffisante compte tenu de leurs besoins et de la qualité de l'herbe de la Picardie.

L'introduction de ces vaches dans le lot laitier le jour du vêlage, sans précaution particulière, peut être génératrice de problèmes métaboliques graves. Cela nécessite donc une préparation adaptée, que l'on nomme transition peri partum. Elle devra remplir trois objectifs : l'adaptation du microbisme ruménal, la restauration de la taille des papilles du rumen et la maîtrise du déficit énergétique ante partum. Elle doit débuter trois semaines avant la date présumée du terme (neuf mois et huit jours sur les prim'holsteins). La flore du rumen, dans le régime de tarissement « herbe », est majoritairement une flore cellulolytique. La digestion de l'ensilage de maïs nécessite une flore amylolytique.

AVOIR LES BONNES BACTÉRIES

Celle-ci, tout comme la flore cellulolytique, est constituée de différentes populations de bactéries qui ont besoin les unes des autres pour se développer. L'établissement de cette chaîne bactérienne, qui exige un délai de trois semaines, est indispensable pour une valorisation alimentaire optimale de l'une silage de maïs. La production d'acides gras volatils lors de la fermentation ruménale de la cellulose, qui constitue le principal glucide fermentescible de l'herbe, est peu importante et très étalée dans le temps. Le travail d'absorption de la paroi du rumen est donc très faible, ce qui induit une réduction de la taille des papilles du rumen qui conditionne la surface d'absorption du rumen. À l'inverse, la fermentation de l'amidon de maïs induit rapidement de grandes quantités d'acides gras volatils, nécessitant une possibilité d'absorption importante du rumen, donc une taille de papilles suffisante. Si ce n'est pas le cas, les acides gras volatils ne sont pas absorbés, donc pas utilisés par la vache comme source énergétique. Ils s'accumulent dans le rumen, induisant une baisse du pH. Ils paralysent la caillette après leur sortie du rumen et sont à l'origine de déplacements de caillette.

DISTRIBUER UN ALIMENT ÉNERGÉTIQUE À VOLONTÉ

Pendant la période sèche, la capacité d'ingestion évolue entre 10 et 15 kg de MS ingérée. Elle diminue lorsque la gestation s'avance, dans les semaines et surtout dans les jours qui précèdent le vêlage : environ 30 % en moins au cours des quatorze derniers jours et 5 kg de MS en moins au cours des cinq derniers jours de gestation.

Cette limitation d'ingestion est due à la place prise par le foetus dont la croissance rapide en fin de gestation fait augmenter les besoins. Dans la conduite alimentaire de la fin de gestation, il faut tenir compte de ce décalage entre la capacité d'ingestion et les besoins en distribuant un aliment énergétique à volonté. La valeur alimentaire de l'herbe d'été ne permet pas toujours de couvrir les besoins de la vache adulte ou de la primipare en fin de gestation. Ainsi, l'amaigrissement, générateur de corps cétoniques néfastes à la reprise d'appétit, commence avant le vêlage.

Pour remplir ces trois objectifs, trois semaines avant le vêlage, les vaches sont placées dans une pâture de prévêlage, de préférence près du bâtiment pour faciliter leur observation. Elles recevront 6 à 8 kg de MS de maïs-ensilage, complétés par 1 kg à 1,5 kg de correcteur azoté et une faible quantité d'AMV équilibré en calcium, phosphore et enrichi en magnésium.

Trois semaines avant le vêlage, placer les vaches dans une pâture de prévêlage, près de l'exploitation pour faciliter leur observation.

© CHRISTIAN WATIER