Avec moins de 13 M€ de résultat courant (- 3,2 M€ de résultat net), 2018 s’est terminée pour Sodiaal par une performance encore notoirement insuffisante pour 5 Md € de chiffre d’affaires. Friesland Campina ou Arla Foods sont dix fois plus profitables (ratio résultat/chiffre d’affaires) avec le double de chiffre d’affaires. Les imiter d’ici à 2025 est d’ailleurs toute l’ambition du plan #Value de Sodiaal, dont les premières mesures ne sont entrées en vigueur que l’an dernier.
20 M€ d’économie en 2018, 115 M€ à suivre
Heureusement d’ailleurs pour l’exercice 2018, car ces mesures auraient généré 20 M€ d’économie. « Treize de nos soixante-dix sites industriels ont été audités pour améliorer leurs performances, explique Damien Lacombe, le président de Sodiaal. 115 M€ d’économie sont dans le tuyau. Elles feront l’objet d’investissement et auront un impact sur notre résultat dans les années à venir. »
Pour dédramatiser, il met aussi en avant la contre-performance 2018 : les conséquences de « l’affaire des poudres de lait infantile Lactalis ». Elles auraient induit un surcoût astronomique de 20 M€, du fait d’une multiplication des analyses, mais aussi d’audits de ses outils qui fabriquent les ingrédients et les laits infantiles, entraînant des travaux pendant lesquels les chaînes de production ont été stoppées. Aspect positif : ces outils sont désormais au top pour répondre au marché.
Pour atteindre son objectif de rivaliser avec les leaders de l’industrie coopérative de l’Europe du Nord, Sodiaal devra faire plus que des économies et, plus compliqué, redonner de la valeur à ses produits. D’où son implication dans les EGA ou sa stratégie des Laitiers responsables étendue du lait de consommation aux fromages.
Au-delà, il a un problème de fond à résoudre : ses volumes excédentaires, mal valorisés en poudre basique. En 2018, ils pèseraient encore près de 900 Ml sur 4,7 Mdl, alimentés notamment par les 3 à 4 % de recul du marché du lait de consommation, qui pèse 1,1 Mdl chez Candia.
Encore 1 litre sur 5 mal valorisé
Ces excédents baisseront un peu avec les 200 Ml de lait bio attendus en 2020 (140 Ml en 2018). La reprise de la partie séchage de l’usine Synutra devrait aussi permettre de faire passer le lait destiné à la poudre de lait infantile, génératrice de valeur, de 100 Ml en 2018 à 300 Ml d’ici deux à trois ans.
Restera donc près de 700 Ml, dont on peut considérer que 400 Ml sont structurels et liés à la saisonnalité de 5 Mdl de collecte. À l’évidence, le développement du lait infantile et du bio ne suffira pas à résoudre l’équation laitière de Sodiaal. Il lui faudra sans doute songer à investir dans un secteur en développement. On pense aux fromages ingrédients. Mais pour trouver des banques qui suivent, il faudra a minima que son résultat s’améliore. Sodiaal est donc condamné à réussir.