Sans le scoop sur Synutra de la Confédération Paysanne du Finistère sorti une semaine avant le Space, la communication de Sodiaal aurait été tout autre à Rennes. Oublié le « nous sommes en négociation » martelé depuis que les difficultés de l’usine de Carhaix ont filtré. L’information, lâchée par le président de Synutra France, selon laquelle son entreprise resterait à Carhaix, a forcé Sodiaal à lever un coin du voile. Dans Ouest France paru le deuxième jour du salon, la coopérative confirmait, par la voix de son président, travailler à la reprise de la partie séchage, Synutra gardant le conditionnement. Et pendant le Space, Damien Lacombe a fait le job : dédramatiser la situation.
En phase avec le plan #Value
Sa démonstration est séduisante. Vendre de la poudre de lait à Synutra, plutôt que du lait, s’inscrit dans le plan #Value acté par Sodiaal en 2017. « Nous devions en 2019 lancer l’investissement dans une tour de séchage dans le Nord-Ouest pour produire du lait infantile. En devenant propriétaire de Carhaix, nous gagnons trois à quatre ans. » Dans la configuration décrite, Sodiaal vendrait la moitié de sa production à Synutra, le reste approvisionnant ses propres clients… Ses deux sites de poudre infantile (Guingamp et Montauban) étant saturés et les marchés en croissance. Et qu’on se le dise, si le réseau commercial de Synutra en Chine est un plus, rien n’empêche Sodiaal d’y exporter depuis son site de conditionnement Nutribio à Doullens (Somme), agréé pour la Chine.
Côté financement, même confiance et démenti aux rumeurs. « Cet investissement était prévu. Nous ne le financerons pas par une augmentation de capital social auprès de nos sociétaires. Nous n’aurons pas besoin non plus de vendre une part de nos participations dans nos filiales. » Enfin, cette opération ne gênerait pas la mise en place du plan d’économie de 150 M€ pour lequel Sodiaal nous disait, en juin, avoir les moyens financiers de le mettre en œuvre.
Un argumentaire qui ne convainc pas tout le monde
Concernant les problèmes techniques rencontrés par Synutra à maîtriser sa tour de séchage, Sodiaal est tout aussi rassurant et met en avant l’expertise du groupe en matière de tours de séchage. Il en gère vingt. Des audits techniques sont aussi en cours et on n’imagine pas Sodiaal investir dans une usine qui aurait des malfaçons notoires.
Cette avalanche d’arguments ne convainc pas tout le monde pour autant. Outre le défi technique et managérial à relever, certains doutent de la pérennité même de Synutra. Encore une critique que Damien Lacombe balaie (lire page 17). Espérons qu’il ne mise pas sur le mauvais cheval pour la crédibilité de Sodiaal, qui n’a pas besoin de cela.