Quel apport minéral pour prévenir les boiteries ?
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La complémentation minérale enrichie avec de la biotine a-t-elle un intérêt pour renforcer le programme de prévention contre l’apparition des boiteries ?
Un éleveur du Maine-et-Loire
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Cet aspect n’est pas à évacuer, mais en matière de lutte contre les boiteries, le premier point à aborder consiste à identifier les lésions prédominantes au sein de son troupeau et les facteurs de risque associés. Il faut retenir que les conditions d’élevage restent la source prépondérante de l’apparition des boiteries, le mode de logement en logettes sur lisier apparaissant clairement comme l’environnement le plus à risque, que les lésions soient infectieuses ou non.
Qualité de la corne, intégrité de la peau et immunité
Sur le plan métabolique, une récente étude menée par BCEL Ouest montre que l’acidose est hors de cause. En revanche, une perte d’état excessive en début de lactation entraîne également l’amaigrissement du coussinet graisseux, situé entre l’os et la corne, chargé d’amortir le choc de la marche. Dans ce cas, le déficit énergétique a un effet détériorant sur la santé des pieds, dans des élevages où les conditions sont, par ailleurs, satisfaisantes.
Sur le plan alimentaire, la complémentation minérale (Cu, Zn, VitA, VitE, acides aminés soufrés) est également évoquée pour son rôle sur la qualité de la corne. En la matière, une analyse de fourrage permet d’évaluer le risque de carence et d’adapter la complémentation. Il s’agit de respecter les apports physiologiques recommandés, avec un minéral enrichi en vitamines et oligoéléments – qui ont aussi un rôle sur l’immunité de l’animal et l’intégrité de sa peau – en vue notamment de limiter le développement de la dermatite digitée. Des essais réalisés aux États-Unis ont montré une baisse des lésions chez les génisses, en lien avec leur biodisponibilité (oligoéléments chélatés). Les apports minéraux concernent donc aussi les élèves dès le post-sevrage.
Une option en prévision d’une période à risque
Investir dans un minéral spécifique intégrant de la biotine est un levier qui peut se justifier dans des conditions d’élevage critiques, où il n’est pas possible de tout corriger, ou en prévision d’une période à risque, par exemple la mise à l’herbe sur des chemins d’accès de mauvaise qualité. La biotine joue en effet un rôle sur la synthèse de la corne. Nous avons peu de retours de terrain quant aux effets bénéfiques de son utilisation, mais des essais ont mis en évidence qu’elle la rend plus résistante aux lésions, en particulier celles traumatiques de type ouverture de ligne blanche et autres lésions de fourbure subaiguës. Dans un contexte dégradé, elle peut donc apporter une sécurité supplémentaire, à condition d’anticiper. Car trois mois au minimum sont nécessaires pour obtenir un effet notable sur la qualité de la corne. Si vous décidez d’en employer, il faut donc tenir compte de ce délai et partir sur la base d’une cure prévoyant un apport journalier de 20 mg par vache laitière (ou 10 mg par tarie). Le coût d’une cure de biotine est modéré, de l’ordre de 7 € pour 100 vaches par jour. Dans la pratique, la biotine est incorporée à la formule minérale et associée à d’autres éléments. Elle se présente également sous forme de bolus, afin d’optimiser la synthèse de la corne dans la durée.