« Le sorgho multicoupe : une vra ie sécurité pour nos 150 vaches »
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Ration. Chez Damien Martel, dans le Haut-Bugey, le sorgho multicoupe a remplacé, l’été, pour ses simmentals, le maïs distribué en vert et une partie de l’herbe.
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Au Gaec de la Léchère, en système pâturant sur des sols argilocalcaires superficiels avec des orages l’été (aléatoires malgré tout), le passage en AOP comté ainsi que la sécheresse sévère de l’an dernier ont amené des modifications dans le système fourrager. Outre l’implantation de dérobées à base de moha après des céréales pour ensilage, les cinq associés ont choisi de tester le sorgho multicoupe. Avec bonheur. « Nous cherchions quelque chose qui pousse l’été, quand il n’y a plus d’herbe au pâturage à cause du manque d’eau et des grosses chaleurs, explique Damien Martel. Le sorgho arrive juste quand il faut, début juillet, alors que le maïs en vert n’était pas disponible avant le 15 août. » Le sorgho est implanté dans des petites parcelles bien propres. « La plante ne supporte pas la concurrence avec les mauvaises herbes », souligne le jeune éleveur.
Cette année, 12 tMS/ha avec peu d’intrants
Cette année, cinq hectares, soit l’équivalent de ce qui était autrefois consacré au maïs en vert, ont été implantés en décalé après un labour et à l’aide d’un semoir à céréales en combiné. « Nous semons plutôt dense, entre 28 et 32 kg/ha. »
En 2018, année au printemps froid et à l’été très sec, le BMR Honey Graze semé fin avril avait végété jusqu’au 20 mai : il n’avait rendu que 7,5 à 8 tonnes de MS/ha.
Ce printemps 2019, la plante a été semée plus tardivement, entre le 10 mai et le 15 juin. « Avec des orages plus nombreux, nous avons récolté trois coupes, soit 12 tMS/ha, précise Damien. Nous avions opté pour un mélange de deux espèces différentes : un BMR Honey Graze et un Sudan Piper. Cette association permet d’allier la valeur alimentaire du premier à la vigueur du second. » La plante a bien poussé jusqu’en juillet où elle a accusé le coup à cause de la sécheresse et des canicules. Sous l’effet des pluies d’orage de mi-août, elle est repartie. Finalement, 2019 a été une année poussante. La première coupe, réalisée entre le 2 juillet et le 11 août, a permis de compenser le manque d’herbe qui a duré jusqu’au 20 août. Les derniers affouragements se sont terminés le 10 octobre, avant le retournement des parcelles et les semis de blé.
Pour équilibrer les rations, les éleveurs se sont basés sur les valeurs officielles du sorgho, très inférieures à celles d’un maïs : 0,8 à 0,85 UFL pour un BMR récolté au bon stade, 0,7 à 0,74 pour un Sudan. « Entre l’herbe du pâturage et le sorgho en vert, on équilibre en fonction du taux d’urée avec un peu de tourteaux », pointe l’éleveur. L’été, le sorgho distribué à l’auge à raison de 25 kg brut (soit 4-5 kg MS) constitue 20 à 25 % de l’alimentation des laitières. Il est complété par du foin (jusqu’à 1 kg par vache et par jour) et des concentrés. Le 10 septembre dernier, pour un troupeau à 22,5 kg de lait à 5,8 mois en moyenne de lactation, la complémentation au Dac s’élevait à 2,5 kg de céréales (70 % de maïs grain et 30 % d’orge) et 1,25 kg de tourteau de soja. Un demi-kilo de VL24 était distribué aux plus hautes productrices. « On complémente moins avec du sorgho qu’avec du foin », note Damien.
La conduite de la culture est économe. La fumure se compose de 30 m3 de lisier/ha et de 65-70 unités d’urée épandues après la première coupe. Le poste le plus important est celui des semences : 45 €/ha pour la variété Sudan Piper (1,76 €/kg à raison de 25 kg ha) et 60 €/ha pour le BMR Honey Graze (3,60 €/kg à raison de 30 kg/ha). Moitié moins cher toutefois que pour un maïs.